GHALI CHABAB MASCARA

GHALI CHABAB MASCARA

Interview avec Lakhdar BELLOUMI

Lakhdar BELLOUMI : ce nom à lui seul fait rêver des millions de jeunes algériens. Idole des foules, de tout un peuple , tantôt adulé et vénéré, tantôt décrié et livré à la vindicte populaire il demeure un personnage assez controversé du football algérien.
Malgré son tempérament et son caractère parfois irritant vis-à-vis de ses adversaires ou coéquipiers il n'en demeure pas moins que LAKHDAR force le respect de tout le monde en raison de ses qualités indéniables et de la joie et du bonheur qu'il a pu nous procurés durant prés de 20 ans passés sur les terrains.
Il faudrait plusieurs livres pour retracer tout son parcours footballistique depuis les terrains du faubourg de Sidi Mouffok à MASCARA jusqu'à son exploit du mois de juin 1982 à GIJON où d'un coup de patte assassin il terrassa l'ogre germanique ,signant par la même l'exploit le plus retentissant de l'histoire de la Coupe du Monde et du football algérien.
BELLOUMI l'enfant prodige de MASCARA qui n'est pas à présenter a cependant au fond de lui-même, enfouis dans son cœur dans sa mémoire , des choses qu'il gardait jalousement , refusant de s'exprimer publiquement sur certains points brulants et quelques épisodes de sa carrière.
Pourtant aujourd'hui pour moi, et pour le forum « Hamraoua.c.la » il a accepté de parler de l'EN de la Fédération du GCM et du MCO et du football algérien en général

 

SARATOGA : Lakhdar, salut. On ne va pas te présenter car ce serait je pense un peu fastidieux et je préfère que l'on entre directement dans le vif du sujet. Alors que deviens tu en ce moment
BELLOUMI : Et bien pour ne rien te cacher je me repose un peu et je prends un léger recul. J'ai un agenda un peu chargé ces temps-ci avec les jubilés les invitations et la préparation des différentes échéances qui nous attendent entre l'équipe nationale et l' Amicale des anciens internationaux qui va devenir une réalité.

SARATOGA : Explique toi si tu veux bien
BELLOUMI :Voila . En début de saison le nouveau comité on m'a sollicité pour manager le GCM . J'ai accepté d'aider mon club malgré un mauvais recrutement et une préparation d'inter saison calamiteuse. Tu sais que les résultats n'ont pas suivi et on risquait de me faire porter le chapeau une fois de plus. J'ai préfère arrêter et je suis parti a Relizane ou l'expérience n'a pas fait long feu. Quand RAOURAOUA a pris en mains les rênes de la FAF il m' a sollicite pour faire partie de la nouvelle équipe au même titre que TASFAOUT FERGANI et ATTOUI. Mais moi je n'ai rien d'un technocrate du football et je suis plutôt un homme de terrain. Son premier geste a été de créer une « Amicale des anciens internationaux » et il a chargé le trio cité plus haut de jeter les bases et jalons de ce qui devra constituer a l'avenir la pierre angulaire du football algérien. Il estime et a juste titre que le football doit être gérée par des gens qui sont issus du milieu du football même s'ils n'ont pas été footballeurs eux-mêmes. Il faut qu il y ait une sorte d'amalgame entre gestionnaires et hommes de terrain comme cela se fait dans les grandes nations du football. Et a ce titre le choix de FERGANI ATTOUI et TASFAOUT répond parfaitement a son vœu dans la mesure ou outre le fait d'avoir été des grands joueurs ces personnages sont aussi dotes de capacités intellectuelles et d'un très bonne culture. FERGANI choisi pour présider provisoirement cette « Amicale » est un grand Monsieur et il a vraiment la carrure pour ça.
Maintenant on attend que tout cela se concrétise et a ce moment la chacun aura un rôle bien défini et bien spécifique. Que ce soit sur le terrain ou bien dans les structures de la FAF. De toute évidence je te le dis clairement : même si on ne devait pas me faire appel je fais confiance a cette équipe pour peu qu on les laisse bosser et qu on leur donne le temps qu il faut pour remettre tout dans le bon sens et le bon chemin.




SARATOGA : Tu peux donner ton avis sur la situation actuelle du football algérien ?BELLOUMI : Honnêtement elle est catastrophique . Depuis des années tout le monde fait la même constat et au lieu d'agir on laisse faire on parle et on continue de s'enliser

SARATOGA : Pourquoi et comment on est on arrivé la ?
BELLOUMI : C'est simple ; le football a été pris en otage par des gens totalement étrangers au sport, au football. Notre football a vu toute une faune d'arrivistes faire main basse sur notre patrimoine footballistique au sens large du terme. On a squatte les locaux on a dilapidé ce qui a été laissé par les bâtisseurs des clubs on s'est servi et en plus comme l'argent a coulé a flot et que les moyens existaient grâce aux subsides de l état et aux sponsors, beaucoup ont en profite pour se faire un nom acquérir une notoriété qu ils n auraient jamais pu avoir en d autres temps et parfois même s enrichir sur le dos des joueurs . D'ailleurs tu a pu constater de toi même jeudi dernier que sur plus de 50 internationaux présents que beaucoup se débattent dans des problèmes sociaux. Est-ce normal a ton avis ? Non ! Je rejoins l'avis de tout ceux qui disent que mis à part ou trois ou quatre clubs que tu connais et qui sont gérés par des connaisseurs, le reste est la proie de gens peu scrupuleux. D'ailleurs je trouve anormal que l'on parle d'opposition dans le football. On n est pas en politique. Avant il ne fallait pas forcement être président pour aimer ou soutenir son club. Comment vivaient des clubs comme le MCO la JSK le GCM ou l'USMBA si ce n est grâce aux mécènes ? C'est ridicule entre nous !

SARATOGA : Justement a ce propos parlons des clubs de l'Ouest et en particulier du GCM et du MCO.
BELLOUMI : Bon tu sais bien que le GCM et le MCO sont les clubs où j'ai fait l'essentiel de ma carrière. Mascara en premier est une ville qui a enfanté sûrement les plus brillants footballeurs de l'ouest. Des les années 20 Mascara a eu des stars et a formé des générations de footballeurs de génie. De AOUED à BELAOUNI en passant par EL GOTNI, DJAKER ,GAUHER ,MAHI, HENKOUCHE , BOUTALEB ect…..Mais en ce temps la il y avait des hommes des enfants du terroir qui se sacrifiaient pour leurs couleurs qui donnaient de leur temps, de leur argent et de leur énergie. Depuis maintenant au moins 10 ans on n'a eu que des présidents parachutés qui ne résident même pas a Mascara et intronises par la « rue ». Car c'est la « rue » qui a pris le pouvoir. Ce sont des gens qui n'avaient rien a perdre et qui se sont fait des situations ,et d'un autre coté ils ont transformé un club prestigieux en un pitoyable « café maure ». Et pour le MCO c'est la même chose. Depuis pas mal d'années ils flirtaient avec la relégation. Et ce qui devait arriver arriva…………. Heureusement que cette année KACEM ELIMAM est arrivé car quoi on en dise quoi on en pense c'est quelqu'un qui a le MCO dans le sang. Je le connais bien. Il est connaisseur en football il aime le MCO et il a eu le courage de prendre un club endetté sans moyens et sans un effectif vraiment a la hauteur de ses ambitions. C'est un pari, un défi qu'il remportera si on ne lui fait pas « des enfants dans le dos ».
Parlons aussi de l'ASMO qui était une école un réservoir et le pourvoyeur de tous les clubs de l'Ouest et du Centre et des EN et qui se retrouve a recruter du fin fonds du pays des joueurs a peine moyens.
Et l'USMBA malade elle aussi de ses hommes alors qu elle a connu des dirigeants illustres comme HASSANI ou OUHIBI………
C'est simple : il faut que les supporters restent a leur place dans les tribunes et qu'ils ne s'immiscent plus dans la gestion des clubs.
Et a l'avenir beaucoup de choses vont changer car la composante des AG va être revue. Cela est une des priorités du Président de la FAF.

SARATOGA : Justement en début de saison il était question que KACEM ELIMAM te fasse appel. Que s'est –il passé ?
BELLOUMI : il me voulait près de lui comme une sorte de manager mais je ne voulais pas du tout être dans un club tout en me sentent inutile ou de trop pour le simple fait d'être là. Moi mon domaine c'est le terrain et j'ai préféré décliner.

SARATOGA : Parlons de l'ancien bureau de la FAF si tu veux bien et de l'équipe nationale.
BELLOUMI : Avec HEDDADJ on a perdu quatre ans. On a empêché RAOURAOUA de se représenter et tu as vu ce qui est arrivé. L'EN éliminée de la CAN 2008 et qualifiée de façon miraculeuse pour le deuxième tour des éliminatoires 2010. HEDDADJ c'est peut être quelqu'un un de gentil, de trop gentil qui voulait faire plaisir a tout le monde. Mais il n'avait pas l'envergure pour diriger la FAF. D'abord il a montré son incapacité a gérer les dossiers sensibles comme ceux du RCK ou du MCO. Il s'est toujours réfugié derrière un « pare feu » rejetant la balle sur la LNF ou le TAS. Quant à l'Equipe Nationale je crois que c'est une honte que de la faire jouer dans d'obscurs terrains de banlieue et en plus contre des adversaires de second rang. Tout cela pour ne pas déranger les « Pros ». A ce propos je vais ajouter quelque chose qui me tient a cœur : sans vouloir généraliser ni mettre tout le monde dans le même sac , une bonne partie des joueurs opérant en France n'a jamais eu la fibre patriotique. Ils ont accepté de jouer pour l'EN quand ils ont su que jamais ils n'auraient leur chance en équipe de France. L'EN c'était pour eux un tremplin un moyen de sortir de l'anonymat avec des contrats a la clé et ensuite une fois la notoriété acquise ils se faisaient désirer. Et les exemples ne manquent pas mon ami.

SARATOGA : Bon maintenant que tu a fais ce constat es tu quand meme optimiste pour la suite ?
BELLOUMI : Le Président de la FAF a de grands chantiers auxquels il compte associer tous les anciens footballeurs. Si on le laisse travailler et qu'on lui fait confiance oui. Sinon on reculera.

SARATOGA : Bon on fait une petite incursion dans le passé ?
BELLOUMI : Sans problème.

SARATOGA : Dis moi alors les joueurs qui t'ont marqué « a part BELLOULMI évidemment » BELLOUMI : (Rires……..) MAKHLOUFI, LALMAS et celui qui restera mon idole MAHI pour l'ancienne génération. Sinon je pense que tout ceux de la génération 80 étaient de très bons joueurs.

SARATOGA : Les entraîneurs ?
BELLOUMI : AMARA, MAHI,MAKHLOUFI,ROGOV et KHALEF.Mais une mention toute particulière a CHEIKH LAGHA SADEK qui a été pour moi un père qui m' a découvert encouragé et qui a été le seul a sentir mes qualités. Je lui dois tout.

SARATOGA : Les dirigeants?
BELLOUMI : Ceux de KHEMIS MILIANA qui éteint des parents pour moi. ABDESSELAM MOHAMED (ayh) MILIANI KADA et MELIANI DJILLALI (ayh) de MASCARA.


SARATOGA : Avec qui tu t entendais bien sur le terrain, ?
BELLOUMI : Au GCM je jouais les yeux fermés avec BELAOUNI, CHAABANE et KHELLILI ; au MCO avec MEZIANE et MECHRI et en EN avec ASSAD et MADJER

SARATOGA : Ton meilleur souvenir ?
BELLOUMI : Le but contre la RFA !tout le monde le sait

SARATOGA Le plus mauvais
BELLOUMI : Ma blessure en 1985 en LYBIE

SARATOGA : Peux tu nous dire ce qui s'est passé en 1990 avec l'EN.
BELLOUMI : Absolument. Lorsque l'on a été éliminé de la CM 90 en EGYTE j'ai pris un coup au moral car je sortais en plus d'une défaite en Coupe d'Afrique avec le MCO. En plus on m'a collé sur le dos l'affaire que tu sais. J'ai demandé à KERMALI de me laisser prendre quelques jours de repos et de ne pas me convoquer pour le prochain stage. Sans plus. Des gens ont trouvé là l'occasion rêvée pour me faire la peau. Des groupes de pression dirigés par des gens des « médias lourds » ont pesé de tout leur poids pour que KERMALI m'évince. Ils ont trouvé l'occasion en disant que c'était moi qui ne voulait plus jouer en EN. Je n'ai pas peur de le dire aujourd'hui. On ne pouvait pas refuser de jouer en EN sans s'exposer à l'époque. Mais on avait décidé que la CAN 1990 en Algérie devait être celle de MADJER tout seul et non celle de BELLOUMI. Et çà a été la CAN de MADJER. Son cadeau ! Je ne vais rien enlever à son mérite mais tout le monde a vu le rôle joué par CHERIF EL OUAZZANI dans l'équipe.

SARATOGA : As-tu des regrets ?
BELLOUMI : Non. J'ai assumé mon choix. J'ai décidé que je gagnerais ma vie en jouant au football. Le football m'a tout donné et je lui dois beaucoup. Je ne regrette pas d'être resté en Algérie et d'avoir contribué à donner le seul titre majeur a mon club le GCM. De plus je ne me voyais pas vivre à l'étranger loin de mes racines de mon environnement naturel de mes amis. Je ne roule pas sur l'or mais je dis « hamdoullah ». Quand je vois ce que je représente pour des millions de jeunes, quand je vois comment on réagit dès que l'on me reconnaît dans la rue et quant je vois comment les gens m'ont manifesté leur soutien dans l'affaire qui m'a empoisonné la vie je me dis que c'est la plus grande des richesses.Les expériences que j'ai tentées a Qatar ou à la Réunion ont été pour moi une sorte d'intermède des vacances.

SARATOGA : Un dernier mot
BELLOUMI : Rassure tes amis du « Forum » .Dis leur que le MCO accédera cette année.

SARATOGA :Salut l'artiste !
BELLOUMI ; Salut « BEN » !

ORAN LE 27 AVRIL 2009

INTERVIEW REALISE PAR SARATOGA




06/06/2009
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