GHALI CHABAB MASCARA

Article paru sur "90 minutes" du 04 avril 2010.

HOMMAGE

Le Docteur Belaid BENSAFIR (Président du GCMascara 1946-1966)

TANT QU'IL Y AVAIT DES HOMMES !

Par Mohamed BENZAOUI

Né en 1911 à Bab Ali le faubourg populeux de la ville de Mascara le Docteur Belaid BENSAFIR fit ses études à Oran au lycée Lamoricière.  Les moyens de locomotion n'étant pas ce qu'ils sont de nous jours les internes ne regagnaient leurs pénates qu'à l' occasion des vacances. Mordu de la balle ronde, il signa une licence une licence au GCOran au sein duquel il évolua jusqu'à l'obtention de son baccalauréat. Désireux de poursuivre des études de médecine en France il ne put obtenir l'aval de ses parents qu'après s'être engagé auprès d'eux  de ne point jouer au football et de ne se consacrer qu'à ses études. Etudiant à Paris il fut sollicité par Aoued MEFLAH qui lui demanda d'opter pour le SCFives avec lequel il évoluait. Ne pouvant déroger a la promesse  faite à père son il facilita le transfert au sein du club nordiste de Ahmed KIRRI qui formait avec Abdelkader BENZAOUI  à l'AGSM l'une des plus grandes paires d'arrières de l'époque.

Il rentrera en Algérie en 1937 et après avoir exercé durant deux années à Oran il ouvrira son cabinet en 1939 à Mascara.

Il n'a pas eu la carrière de footballeur qu'il aurait souhaitée mais son nom restera à jamais indissociable de l'histoire du Gallia Club de Mascara dont il fut le président dès la renaissance du club en 1946 à la suite de la mise en sommeil dont il fut l'objet vers le début des années 30.

Emanation du FC(Musulman) Mascarien  créé en 1913 le Gallia dont l'appellation fut imposée fît l'objet de tracasseries et d'obstruction la part de l'administration. Les sources étant difficilement identifiables il apparait plus sage de considérer que le club fut affilié à la FFF à la fin de la guerre et débuta les compétitions dès 1946 au dernier échelon. Mohamed SAFIR assassiné plus tard qui en fut le premier président, passa le flambeau a son cousin qui allait en compagnie des BOUTALEB Ahmed (Rezzig) GUARMALA, BENBAHI, Mamoun MEKKIOUI  faire du GCM un des plus grands clubs Oraniens et une équipe qui allait faire rêver et subjuguer l'Afrique du Nord. C'est sous sa présidence que le Gallia allait écrire les plus belles pages de son histoire en réalisant un exploit unique dans les annales : celui de gravir tous les échelons qui en 5 ans allaient le mener vers le titre de Champion d'Oranie en 1951. Un titre acquis de haute lutte aux dépends du SCBel Abbes (surnommé le « Real Madrid Nord Africain) après un finish éblouissant. Parallèlement  à cela le GCM allait s'illustrer sur le plan nord africain en réalisant des prouesses dont l'élimination du grand rival local l'Avant Garde. De Marrakech à Tunis son football léché spectaculaire, basé sur la circulation de balle faisait chavirer les puristes. Les noms des DJAKER, MEKKIOUI, EL GOTNI, KHEMLICHE, BENMELOUKA, BACH, MAHI, SADEK, GAUCHER, VITALIS, Ahmed KHEDIR « HOUPA »  allaient vite franchir les limites régionales. Le Docteur BENSAFIR qui jouissait d'une grande notoriété et d'un immense respect auprès des joueurs de la population locale était un dirigeant en avance sur son temps et sur son époque. Ses joueurs étaient choyés, suivis médicalement et physiologiquement par leur président qui veillait a tout, y compris a leur alimentation. Sa ferme était mise à la disposition du club pour les mises au vert de rigueur avant chaque match. Le club européen l'Avant-Garde  allait vite souffrir de la montée en puissance de cette équipe qui n'allait point lui faire de cadeaux. A ce propos le célébrissime Général CATROUX  président des « Damiers » avait dit un jour « qu'il aurait été plus facile de négocier avec un gouvernement qu'avec le «  toubib ». Celui-ci lui avait diplomatiquement et élégamment opposé une fin de non recevoir lorsqu' il l'avait sollicité afin que son équipe se montre bienveillante vis-à-vis de l'AGSM menacé de relégation.

A  la reprise des activités le GCM sera présidé par M. TANDJAOUI puis Hadj BOUZIANE  mais Si Belaid reviendra au club entouré de dirigeants dévoués et sincères : BERRAHAL Mokhtar, Mohamed DJAKER, Abdelkader GAID Djillali MELIANI, BENYAKHOU. Malgré un effectif et un vivier appréciable le club ratera d'un cheveu le coche à chaque fois.

En 1966 il quittera définitivement le devant de la scène qu'il a occupé pratiquement durant vingt ans laissant la place à Hamza BENCHENANE qui pris le club en main a la suite de la fusion avec le Feth de Mascara. Il en restera le Président d'honneur  à vie. Son amour pour le Gallia restera intact. Personnage sage pondéré et très écouté des plus jeunes ou de ses contemporains il éclairera constamment ceux qui venaient le solliciter ou lui demander des conseils sur la gestion d'un club qui était cité en exemple par les plus grands dirigeants du football Oranien. Il savait faire preuve d'une grande humilité et modestie également. Sa silhouette élégante ne pouvait jamais passer inaperçue sur la grande place de la ville ou on le voyait chaque web end en compagnie des figures  Mascariennes. L'âge les responsabilités familiales et professionnelles et les mutations qui s'opéraient dans la société éloignèrent progressivement Si Bêlaid de son club.

Il s'teindra le 16 novembre 1984. Par un curieux fait du destin ou du hasard sa disparation surviendra seulement quelques mois après le seul et unique sacre national du GCM qui fut champion avec huit éléments sortis des catégories inférieures du club dont son fils Sid Ahmed fut le Directeur technique des 1977. Et ironie du sort encore me diriez vous jour anniversaire de deux de ses enfants Hadj et Benamar.

Les Sociétés Sportives étaient pratiquement toutes dirigées par des hommes en blouses blanches qui savaient ce que signifiait «  un esprit sain dans un corps sain ». La pratique sportive ne pouvait se concilier avec une vie délurée. Il est certain que les Docteurs SID CARA , MAOUCHE HASSANI BENALIOUA BENCHARIF DJEBBARI MEDJEBEUR BOUDRAA grands serviteurs devant l'Eternel seraient bien affligés de voir que de nos jours c'est le temps des «  cols blancs » qui ont transformé d'historiques et prestigieux clubs en de déplorables  succédanés de fonds de commerce. Des ersatz d'où sont bannies les personnes sincères authentiques et entières. La rigueur le dévouement l'intégrité  l'honnêteté ont disparu du vocabulaire et ont laissé la place à la gabegie à la malversation et a la médisance. Au nom de sordides  intérêts on brule les vaisseaux !

Ainsi en est il du majestueux et orgueilleux Gallia de Mascara  fienté de toute une région, place forte du football ,parti inexorablement à la dérive faute d'avoir pu trouver de dignes  légataires.

Tant qu'il y n'aura pas  d'hommes susceptibles d'interpeller et de frapper les consciences ce sigle évocateur d'une histoire et d'une grandeur passée ne deviendra plus qu'une  simple épitaphe  que le temps aura fini d'effacer de la tombe creusée par de pitoyables fossoyeurs.